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TEXTE: CHRISTIAN LECOMTE PHOTOS: DAVID WAGNIÈRES POUR «LE TEMPS» @chrislecdz5
Ces gens-là, dans leur Haut-Jura, sont rudes, humbles et courtois. Le visiteur est bien accueilli, tout comme l’est le biathlète Johannes Boe en franchissant en vainqueur, vendredi vers 10h45, la ligne d’arrivée de l’épreuve du mass-start sur le pas de tir de Zhangjiakou. Salve d’applaudissements de la part des 800 personnes réunies face à l’écran géant de la salle omnisports de Saint-Laurent-en-Grandvaux pour le quatrième titre du Norvégien aux JO 2022. Même ovation pour son compatriote Vetle Sjaastad Christiansen, qui finit troisième et prive, pour dix secondes, Quentin Fillon Maillet, l’enfant du pays, d’une sixième médaille. Elle aurait fait de lui le sportif le plus médaillé durant une seule Olympiade d’hiver.
Etonnant et ô combien plaisant fair-play. Alain Fillon Maillet, vêtu d’une chasuble à l’effigie de son neveu, explique: «Le biathlon, c’est le respect, autant entre athlètes que supporters. On sait reconnaître la souffrance de chacun quel que soit la couleur de son drapeau.» Même pas déçu, le tonton: «Comment pourrais-je l’être? Quentin a marqué ces JO de ses skis et de ses tirs. L’or en individuel et à la poursuite, l’argent sur le sprint, le relais hommes et le relais mixte! La sixième médaille aurait été la cerise sur le gâteau, elle sera en chocolat, pas grave. Jamais un Français n’a fait mieux pendant la même quinzaine olympique!» Même pas Martin Fourcade, la légende du biathlon hexagonal, qui a pris sa retraite sportive en 2021.
Du talent à dix mètres
Retour deux heures plus tôt. L’entrée dans Saint-Laurenten-Grandvaux (1 800 âmes) est spectaculaire: banderoles, calicots, drapeaux fixés aux terrasses et commerces. A la gloire, bien entendu, de «Morbac». C’est ainsi qu’est surnommé ici Quentin Fillon Maillet, «parce qu’il s’accroche comme un morpion et ne lâche jamais», nous dit Daniel Arnaud, le président du ski club du Grandvaux.
Le champion est né en 1992 à Champagnole, tout à côté, mais il a grandi ici, à 20 kilomètres de la frontière suisse. Père à la fois menuisier et moniteur de ski. Mère monitrice aussi. Deux jeunes frères et une sœur. Ecole au village, puis un brevet de technicien supérieur en électromécanique décroché à Morez, la grosse ville la plus proche avec ses 5000 habitants.
«On apprend...