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En janvier 2004, à l'invitation de l'ONACIG (Office national cinéma, vidéo et photo de Guinée) et grâce à l'aide de IV NESCO, j'ai passé dix jours à Conakry pour discuter avec des professionnels du cinéma et des représentants du gouvernement de la possibilité de créer une cinémathèque nationale en Guinée. Une des questions qui se posaient à notre groupe de travail était la recherche des films constituant le patrimoine que nous voulions sauver ; le texte qui suit, élaboré avec l'aide précieuse des cinéastes guinéens (Sékoumar Barry, Moussa Keinoko Diakite, Makamba Sidibe, Sékou Tidjane Cámara, Soumo Malomou, Nanouman Keita), constitue un premier élément de réponse à cette question préliminaire à tout projet de cinémathèque.
Un peu d'histoire
Le cinéma guinéen a une longue histoire : dès 1953 Mamadou Touré, pionnier du cinéma africain et Guinéen de nationalité, réalisait Mouramani en France l Mais ce sont les années 60, et notamment l'année 1967, qui vont marquer la vraie naissance du cinéma guinéen et la volonté du gouvernement de la Première République d'en permettre le développement.
La création, par le décret du 2 juin 1967, de la Régie Nationale de Cinématographie et de Photographie (rapidement connue sous le nom de Syli-Cinéma-Photo), suivie à quelques mois d'intervalle de la mise en chantier d'un complexe cinématographique (laboratoire, salle de mixage, plateau d'enregistrement, auditorium, etc.) 2 et de l'ouverture d'une grande salle de cinéma au c?ur de Conakry, constituaient autant de manifestations de la vitalité du cinéma guinéen.
Au cours de ces mêmes années 60 de nombreux cinéastes de Guinée ont cherché une formation professionnelle à l'étranger : la Bulgarie, la France, la Roumanie, la Yougoslavie, les États-Unis et l'Union soviétique notamment contribuèrent à la formation d'une génération de réalisateurs et de techniciens de haut niveau.
Quelques années plus tard, les premières éditions du Festival panafricain de Ouagadougou réservaient toujours une place de choix au cinéma de Guinée. Ainsi, au lendemain du festival de 1972, le critique français Guy Hennebelle pouvait-il commencer son article d'Afrique Asie (avril 1972) par les remarques suivantes : « La Guinée s'est taillé un gros succès de prestige à Ouagadougou. À écouter le public applaudir à tout rompre, il ne fait aucun doute que ce pays représente aux yeux des masses une aspiration aune...