Key-words : neologism, neology, lexicology, linguistic, borrowing, Romanian vocabulary, Romanian language
Le néologisme comme phénomène linguistique est aussi vieux que la langue. La plupart des chercheurs estiment que le néologisme est déterminé à la fois par la nécessité pour la désignation de nouvelles choses, en raison de l'évolution des connaissances et aussi par l'échange interpersonnel de l'information. Toutefois, même si le néologisme est nécessaire et indispensable pour la communication humaine et le développement du langage en général, il a généré tant de controverses à travers de l'histoire. Mais ces polémiques qui n'ont pas fourni une réponse complète à cette question, n'ont pas empêché l'adoption des termes néologiques et bien au contraire le néologisme est resté un phénomène linguistique essentiel pour l'évolution du langage.
1. Le problème de l'emprunt linguistique pour moderniser la langue
De la pléthore de remarques sur la nécessité du néologisme dans la langue on va mentionner ici quelques noms d'une manière sélective. Dans l'espace roumain les préoccupations pour néologisme comme un moyen de moderniser la langue de culture se trouvent parmi tous les hommes de culture qui soit ont traduits des divers livres, soit ont imposés par leurs créations littéraires de nouveaux termes. En Moldavie et Valachie les chroniqueurs du XVIIIe siècle ont eu une contribution significative dans le développement de la langue littéraire roumaine parce que la langue de leurs écrits a renoncé au langage des textes religieux et donc dans leurs textes, on trouve aussi des éléments populaires liées au dialecte parlé par l'auteur et aussi des éléments de la langue littéraire. Comme a mentionné Gabriel Istrate les chroniqueurs moldaves sont ceux qui, après le contact avec la langue et la culture latine manifestent de timides tentatives pour introduire « des emprunts savantes » de latin (Istrate 1977-1978: 35). Mais la personnalité avec le plus grand impact pour cette période reste Dimitrie Cantemir. Grâce à son travail, il a largement contribué au développement de la langue littéraire roumaine, spécialement dans le vocabulaire et par le Glossaire de la fin de l'Histoire hiéroglyphique il est considéré comme un réformateur du vocabulaire roumain, parce qu'il a introduit de nombreux nouveaux mots. En outre, les nouveaux termes de ses travaux ont contribué à la formation du style philosophique roumain.
En ce qui concerne l'enrichissement du vocabulaire par des emprunts auprès d'autres langues, Cantemir est un esprit ouvert vers la modernisation de la langue, vers l'adoption des termes pour exprimer les réalités et les concepts nouveaux. Dans les oeuvres écrites en roumain, il « utilise plus de 400 nouveaux mots, tirés des langues classiques, et de l'allemand (par ex. graf), du polonais, de la russe et de la langue turque » (Frâncu 2005: 165). L'intention d'introduire dans le vocabulaire roumain beaucoup de mots empruntés est indiquée dans la préface de l'Histoire hiéroglyphique, dans De nouveau, pour le lecteur:
Vii sti, iubitule, ca nu pentru cei carii într-acéste pomenite limbi pedepsiti [învatati] sint scara acii am supus, ce, pentru ca de împrumutarea cuvintelor str eine, cei mai nedeprinsi lovind, vrearé-as ca asé a le întalége si în dialectul strein sa sa deprindza. Ca asé unul dupa altul neparasit urmând, spre cele mai adânci învataturi, prin hirisa [proprie] limba a noastra a purcede a sa îndrazni, cu putinta ar f i, precum toate alalte limbi de la cea elineasca întâi îndamanându-sa, cu deprinderea îndelunga si a limbii sale suptiiere si a cuvintelor însamnare s -au agonisit. Asé cât, ce va sa dzica uJπoθ[varepsilon]sfgr;ηsfgr; întelege latinul, leahul, italul si altii, hypothesis, macar ca cuvântul acesta singur a elinii numai a fi. Într -acest chip, spre alalte învataturi grele, trebuitoare numere si cuvinte, dându-te, a le moldoveni sau a le români sileste, în moldovenie elinizeste sau în elinie moldoveniseste (Cantemir 1997: 7).
Dans ce passage, le chercheur souligne l'idée de réformer la langue roumaine, c'est-à-dire « a limbii suptiiere » par laquelle il signifie à la fois son enrichissement avec des éléments néologiques et aussi la modélisation de la phrase. Il souligne aussi la nécessité d'adapter les emprunts au système de langue roumaine.
La richesse lexicale est considérée comme l'un des aspects les plus importants de l'écriture de D. Cantemir. Son travail, en particulier l'Histoire hiéroglyphique, « représente une nouvelle étape dans le développement de la langue littéraire roumaine » (Giosu 1973: 306). D'une part, le savant roumain a valorisé le thésaurus lexical des écrits précédents et, d'autre part, il a enrichi par de nouvelles créations et surtout par des emprunts à d'autres langues, d'abord du grec et du latin. A Cantemir on trouve un équilibre entre le terme roumain et l'emprunt lexical, les deux catégories coexistant l'un avec l'autre. L'auteur considère que les éléments populaires peuvent se tenir aux côtés de celles savantes et donc « s-a straduit sa dea, adesea, cuvântului împrumutat echivalente românesti iar cuvântului românesc sensuri noi » (ibidem: 306). Emil Petrovici estime comme important de distinguer trois éléments distincts dans le vocabulaire de Dimitrie Cantemir « unul traditional, legat de textele bisericesti, al doilea popular si al treilea savant » (Petrovici 1958: 121). Dans l'Histoire hiéroglyphique, Cantemir utilise de nombreux termes qui se trouvent dans les travaux des érudites moldaves comme Dosoftei, Varlaam, Grigore Ureche, Miron Costin, Ion Neculce. Cella « constituie o alta dovada certa ca principele Moldovei cunostea foarte bine limba vorbita în vremea sa. Iata câtiva dintre acesti termeni: asupreala, asezamânt, basna, banat, blem, bou, brudiu, buiguire, capiste, chiteala, dodeiala, dosada, de iznoava, împoncisare » etc. (Cantemir 1997: 332-333). Stefan Giosu affirme que on remarque le plus clairement, au Cantemir pour la première fois, la nécessité d'introduire en roumain d'un lexique de l'usage international, donc on trouve dans son oeuvre de termes scolaires dans les domaines scientifiques variés. Bien que ses oeuvres ont paru très tard et n'ont pas réellement enrichi la langue roumaine, Cantemir est considéré comme « un precursor al fauritorilor limbii române moderne » (Giosu 1973: 307), parce qu'il a anticipé les tendances de l'époque suivante. Beaucoup de termes empruntés par lui, vont entrer dans la langue roumaine dans d'autres façons, par la contribution des intellectuels roumains de la fin du XIXe siècle.
Un autre moment historique représentatif pour la culture romaine et pour les questions concernant le néologisme est lié de l'activité de Scoala Ardeleana. L'étude de début de ce mouvement, Elementa linguae daco-romanae sive valachicae, publié à Vienne en 1780, et apparu en latin, est la première grammaire dans laquelle pour les exemples de la langue roumaine on a utilisé les caractères latins et non cyrillique. Un autre élément déterminant à ce travail c'est la nouvelle terminologie moderne, utilisée par les auteurs, remplaçant la terminologie slave, parce que les classifications de celle-ci étaient, en grande partie, incompatibles avec la structure de la langue roumaine. Ion Coteanu stipule que Samuil Micu, Gheorghe Sincai et Petru Maior « au meritul de a fi intuit punctul cel mai slab al stadiului în care se afla româna literara la începutul secolului al XIX-lea: lipsa de cuvinte care sa denumeasca în mod înnoitor iesirea din feudalism si intrarea în circuitul ideilor europene de la acea data » (Coteanu 1981: 190). Gabriel Istrate croit que les représentants de cet école sont les premiers chercheurs qui « au remarcat deosebirea, importanta, dintre limba româna si celelalte limbi romanice, sub aspectul vocabularului » (Istrate 1977-1978: 35). Si les langues romanes de l'ouest ont empruntés définitivement de néologismes latines, parce que le latin était considérée comme la langue de la culture, en roumain il n'y avait que des éléments latins hérités. De cette époque-là « neologismul latino-romanic se impune ca o necesitate de prim ordin ». De aceea, modernizarea limbii prin traducerile numeroase din limbile romanice, prin teoretizarile privind neologismul si terminologia stiintifica a însemnat, de fapt, « numirea cu termenii cei mai potriviti a realitatilor si ideilor noi din epoca » (ibidem: 37).
Une personnalité qui a été fortement influencé par Scoala Ardeleana était Ion Heliade Radulescu. Pour cet érudit, la langue d'un peuple doit être dans une proportion directe avec les connaissances nécessaires, parce que « limba este mijlocul prin care ne aratam ideile si cugetarile noastre: acela ce cunoaste si stie mai multe lucruri, a aceluia limba este mai bogata de vorbe si mai placuta » (Heliade 1980: XXIV-XXV). Il reconnaît le besoin pour les emprunts en tant que condition sine qua non pour le développement de la langue: « Fieste-care limba când a-început sa se cultiveze a avut trebuinta de numiri noa, pe care sau si le a-facut dela sine, sau s'a-împrumutat macar de unde, si mar vârtos de acolo de unde au vazut ca este isvorul stiintilor si al mestesugurilor » (ibidem: XXVI). Ainsi, tout au long de l'histoire les gens ont emprunté l'un de l'autre, selon les découvertes qui ont été faites et les contacts qu'ils avaient. La même chose devrait s'appliquer pour le roumain et, en outre, Heliade considère qu'on doit emprunter aux langues apparentées et à la langue maternelle, « noi nu ne împrumutam ci luam cu îndrazneala dala maica noastra mostenire, si dela surorile noastre partea ce ni se - cuvine ». Un autre principe énoncé par l'auteur et utilisé comme un filtre pour la sélection des emprunts est celui de la nécessité: « trebue sa ne împrumutam, dar trebue foarte bine sa bagam seama sa nu patimim ca negutatori aceia cari nu îsi iau bine masurile, si ramân bancruti (mofluzi). Trebue sa luam numai acele a ce ne trebue si de acolo de unde trebue si cum trebue » (ibid.: XXVII). Il croit que les ressources internes d'une langue ne sont pas suffisantes pour éviter l'emprunt et critique ceux qui à cause d'un puriste, refuse les mots d'autres langues et crée des mots « roumains », ce qui ne fait que isoler la langue roumaine de la culture européenne. Le dernier principe lié au problème des emprunts, affirmé par I. Heliade, c'est la nécessité d'adapter tous les termes qui entrent dans une langue : « vorbele streine trebue sa se-înfatoseze în haine Rumânesti si cu masca de Rumân înaintea noastra » (ibid.: XXVIII). Ion Heliade Radulescu note qu'il existe des différences entre les locuteurs roumains dans les trois provinces, les différences dues à diverses influences qui ont subi au fil du temps. Il recommande l'unification de la langue déclarant que « trebue a se-cerceta si a-se-îmvata limba Rumâneasca si geniul sau, si pentru aceasta este destul o bagare de seama luminata si fara prejudicati, si un paralelism al limbilor ce au relatie cu dânsa » (ibid.: XXX). Par conséquent, l'existence d'une grammaire de la langue roumaine est plus qu'une nécessité. Il met en évidence dix grammaires précédentes qu'il présente en indiquant le titre, le lieu et l'année de publication de chacun et faire l'éloge des mérites de George Golescu qui, par la grammaire et le dictionnaire qui venaient à apparaître, « va-mai pasi limba înca câteva trepte catre desavârsire » (ibid.: XXXIII). Mais les moyens par lesquels la langue peut être unifiée et le processus de néologisassions peut être coordonné d'une manière équilibrée, en fonction du spécifique de la langue roumaine est, dans l'esprit de I. Heliade par l'établissant d'une académie qui vise à cultiver la langue et à faire un dictionnaire thésaurus:
Dar ca sa se-desavârsasca limba si mai bine, si ca sa se -hotarasca o data cum sa ramâe termin'i cei noi, aceasta nu se -va putea pâna când nu se-va întocmi o academie de câtiva barbati, a caror treaba sa fie numai literatura Rumaneasca, cari cu vreme vor pune în regula si vor desavârsi limba prin facerea unui dicsioner. Dicsionere ne trebuesc, si mai vârtos de o cam data pentru înlesnirea traductiilor: precum Latineste cu Rumâneste, Frantozeste cu Rumâneste, Italieneste, Greceste, Nemteste cu Rumâneste... apoi în sfârsit se-poate face si un Dictioner Rumâneste cu Rumâneste (ibid.: XXXIV).
2. Les écrivains du XIXe siècle
La direction promue par les écrivains de l'époque, malgré le fait qu'il a dû faire face aux opinions scientifiques contraires, a suivi la voie de redressement de la langue nationale, selon le spécifique roumain. Ils ont accepté le néologisme comme un moyen d'enrichissement de la langue, nécessaire pour le processus de modernisation, mais ils ont exaltés les valeurs nationales, historiques et, à travers leurs oeuvres littéraires ils ont présenté l'histoire de la nation, les portraits remarquables du passé ou même la vieille langue, en particulier celle des chroniqueurs. La contribution significative de ces écrivains, à la fois par leurs créations et par les théories présentées, ont contribué d'une manière largement à la formation et la stabilité de langue roumaine littéraire moderne.
Dans un article intitulé Vieux mots et néologismes synonymes Mihai Eminescu souligne le besoin pour l'équilibre concernant les emprunts, en refusant tant l'extrême latiniste et celle puriste: « A primi în locul unei vorbe românesti una latina care sa-nsemneze tot aceeasi nu ni se pare consult - a primi un sinonim care, însemnând aceeasi, înseamna totusi altceva, o alta nuanta a întelesului, asta însemneaza a-si înavuti, a-si înnobila limba. O expresie pentru mai multe întelesuri e mizerie, mai multe expresiuni pentru un înteles e copilarie, mai multe expresiuni însa pentru mai multe întelesuri, desi sinonime, e adevarata avutie a limbei. Si aceasta avutie o recomand cu deosebire inovatorilor nostri » (Eminescu 1970: 227).
3. Le néologisme moderne et contemporain
Pour Theodor Capidan, le néologisme est une conséquence des besoins culturels. Chaque fois qu'une communauté linguistique passe par une étape de transformation culturelle et d'évolution sociale, cela influence la langue de cette communauté. Si dans la vieille langue les changements de vocabulaire étaient dus au contact direct avec les peuples étrangers, « adevaratele neologisme si-au facut aparitia la noi odata cu introducerea scrisului românesc, culminând în perioada de framântare pentru pregatirea culturii si limbii nationale, când o buna parte dintre cuvintele orientale (slave, grecesti, turcesti etc.) au fost înlocuite cu împrumuturi noi » (Capidan 2005: 40).
Dans le premier volume de La langue roumaine, Sextil Puscariu distingue plusieurs types d'emprunts. A partir de la délimitation faite par le linguiste suisse Ernst Tappolet, S. Puscariu fait différence entre l'emprunt de luxe (« Luxuslehnwort ») et l'emprunt nécessaire (« Bedürfnisslehnwort »). Ce dernier entre dans la langue avec le concept désigné, ainsi il est appelé terme culturel (« Kulturwort »). Ces termes nécessaires sont déterminés par le développement social et culturel, voilà pourquoi « asemenea împrumuturi se gasesc în toate limbile si le gasim în numar mare mai ales în epoci în care starea culturala a unui popor a facut salturi mari, sau când civilizatia a patruns în straturile largi ale populatiei » (Puscariu 1940: 366). Une fois entrés dans la langue, ces mots s'adaptent au système lexical de la langue roumaine et forment dans cette langue de nouvelles familles des mots ou des dérivés, conduisant ainsi à ne plus être en mesure de faire la distinction entre ces termes culturels et les emprunts consentis par le contact au jour le jour des personnes (« Lehnwörter »). Si l'emprunt est consenti seulement au niveau culturel de la société et est utilisé seulement a ce niveau-là, alors on a affaire avec des néologismes (« Fremdwörter »). Les utilisateurs de ces néologismes - des parleurs généralement instruits, bilingues ou trilingues - reconnaissent leur origine étrangère. Puscariu fait une distinction entre l'emprunt des termes culturels qui est réalisé par le contact continue entre les deux peuples et se répand dans tous les domaines de la société, par opposition au néologisme qui est utilisé uniquement par les personnes instruites de la société. Ce dernier est reconnu comme un nouveau terme et il a une étymologie précise pour ceux qui l'utilisent, car ils connaissent la langue source. Enfin, le linguiste roumain considère que parmi les néologismes il y a des termes qui sont perçus comme « un corp strain în organismul limbii » et sont traités tels quels et nommés barbarismes.
Cependant, cette distinction ne peut pas être rigide parce que la langue évolue et le vocabulaire subit constamment des transformations. Ce changement de la langue produit un changement du statut des termes. Ainsi, un néologisme peut devenir un terme culturel, s'il est adopté par d'autres couches sociales. En outre, un barbarisme peut devenir un emprunt (« Lehnwörter ») et même un de luxe, s'il s'adapte finalement au spécifique de la langue réceptrice. En conclusion, une telle typologie est nécessaire pour comprendre le phénomène de l'emprunt dans la langue et des processus d'adaptation des termes, mais on ne peut pas décrire de manière exhaustive toutes les innovations du vocabulaire.
Un autre linguiste, Iorgu Iordan, mentionne que les emprunts lexicales du vocabulaire roumain peuvent être considérés comme « inovatii de provenienta externa care constau din cuvinte si expresii luate de-a gata dintr-o limba straina si adaugate fondului lexical existent. Cu acest sens termenul împrumut lexical acopera o zona foarte larga în explicarea cresterii cantitative a lexicului atât în diacronie..., cât si în sincronie » (Iordan, Robu 1978: 310). En se référant à la signification du terme néologisme, l'auteur déclare qu'il pourrait assigner deux significations: « în sens larg, este neologism orice cuvânt nou, împrumutat sau creat prin mijloace interne; în sens restrâns, numai cuvântul strain, împrumutat la o data nu prea îndepartata, se numeste neologism ». Par conséquent, dans la langue roumaine on pourrait considérés comme néologismes seulement « cuvintele împrumutate în perioada de timp acoperita de conceptul limba româna contemporana si despre care vorbitorii au constiinta ca sunt cuvinte noi » (ibidem: 310). Le linguiste roumain admet que avant le XIXe siècle, il y avait beaucoup de mots empruntés en roumain et ils « au avut la început un regim asemanator cu al neologismelor, pe care însa datorita uzajului, l-au pierdut ».
Une autre personnalité roumaine préoccupée pour le problème du néologisme est Theodor Hristea. Il a été concerné pour les créations lexicales de la langue roumaine, et s'est avéré comme un esprit critique et un analyste profond des problèmes du vocabulaire roumain. Dans un chapitre sur l'emprunt dans la langue roumaine, il admet que étymologiquement le néologisme devrait être considéré comme tout nouveau mot de n'importe quelle langue, soit emprunté ou créés par des moyens internes de cette langue, mais il reconnaît que « în lingvistica româneasca sunt socotite neologisme în special împrumuturile pe care româna le -a facut din limbile apusene ori direct din latina pe cale savanta » (Hristea 1984: 50). Pour la langue roumaine, les causes des emprunts lexicaux étaient à la fois linguistique et extralinguistique, notant que « nevoia de precizie sau exactitate, dorinta de claritate si de diversitate sau numai nuantarea exprimarii, precum si necesitatea, adeseori stringenta, de a denumi noi realitati materiale si spirituale au dus la împrumutarea unui mare numar de neologisme » (ibidem: 52). Les effets de ce processus pour le développement de la langue roumaine étaient différentes au fil du temps, parce que les emprunts entrés dans la langue jusqu'à la seconde moitié du XVIII siècle « au contribuit numai la îmbogatirea vocabularului românesc, dar nu si la modernizarea acestuia » (ibidem: 50). En outre, l'emprunt a favorisé le développement de la synonymie lexicale en roumain, en gardant le vieux terme avec le néologisme, plus précis ou spécialisé.
Th. Hristea souligne le rôle décisif des néologismes pour la modernisation de la langue roumaine et la réceptivité encore très grande pour ces emprunts de la langue, dans l'étape actuelle. Il affirme que « mai ales împrumuturile neologice de origine latino-romanica sunt cele care au schimbat fizionomia lexicala a limbii române si tot ele sunt cele care ne permit astazi sa exprimam absolut orice, începând de la cele mai mici nuante ale gândirii si sensibilitatii noastre si terminând cu ultimele cuceriri ale geniului uman » (ibid.: 27). Pour une langue, conclut l'auteur, les néologismes sont à la fois un problème culturel et une condition de la culture.
La diversité d'acceptation de ce concept est soulignée aussi par Rodica Zafiu. L'auteur considère, dans un article intitulé Le néologisme et le purisme, que la façon de définir le néologisme, dans la langue roumaine a été déterminée par le processus d'adaptation à la culture occidentale, mené dans la seconde moitié du XIXe siècle. Par conséquent, R. Zafiu estime que dans la définition de néologisme « din acceptia lui 'internationala' (de 'cuvânt nou'), e selectat aproape exclusiv un subdomeniu, constituit din împrumuturile moderne, culte » (Zafiu 2001: 11). Cette restriction de l'utilisation est justifiée par le fait que les emprunts sont en fait d'éléments lexicaux nouveaux et moins les créations internes. Une autre tendance c'est de considérer comme néologismes les termes qui sont entrés dans la langue depuis le XVIIIe siècle « în masura în care fac parte din sfera culturii moderne ». Cette distinction est justifiée par le fait que ces termes avaient eu une utilisation restreinte, mais ils ont été réintroduits dans la langue et dans l'usage public que dans le dix-neuvième siècle. R. Zafiu souligne que, grâce à ces limites, le concept de néologisme part plutôt de son sens étymologique et de son acception internationale. Mais pour la langue roumaine, le néologisme devient une étiquette bien défini: « diferenta dintre o cultura a elitei, pro -occidentala si recenta - si una populara, traditionala ».
Une dernière tendance dans l'interprétation du néologisme roumain est la constatation que le néologisme « e mai putin poetic, mai putin literar, având mai putine conotatii, ecouri, ambiguitati si fiind asociat de obicei cu sfera comunicarii eficiente si impersonale ». Bien que, comme R. Zafiu a mentionné, cette « attitude » ait changé au cours des dernières décennies, toutefois « nostalgia sau prestigiul purismului continua sa actioneze si azi » (ibidem: 11). Ce qu'il faut mettre en évidence c'est le fait que ces différentes façons de définir le néologisme soulignent les effets de l'adoption de termes néologiques en roumain.
Le souci de la définition de néologisme se trouve aussi aux auteurs de dictionnaires1. La signification de la notion du néologisme dans les dictionnaires roumains souligne l'évolution sémantique, mais aussi l'orthographique et orthoépique du terme dans la langue roumaine. Par les définitions proposées, les lexicographes ont présenté d'une manière historique les perceptions des parleurs concernant ce concept et aussi les ambiguïtés qu'il a générées. En outre, on peut remarquer une différence dans la façon dont ce terme est défini dans les dictionnaires roumains et la manière dont il est traité dans les travaux de recherche du vocabulaire roumain. Bien que de point de vue conceptuel le néologisme est comprise comme un nouveau mot emprunté à une langue étrangère ou formé dans une langue avec des moyens de composition spécifiques, en général, dans la langue roumaine, seuls les emprunts sont considérés comme des néologismes.
En conclusion, pour la langue roumaine, le néologisme reste encore un concept qui génère beaucoup de débats. Il représente l'élément essentiel de la modernisation de la langue et de tournure de l'influence culturelle slave vers la culture occidentale. Mais il n'est pas un déterminant solitaire dans la culture roumaine. Le néologisme s'inscrit dans un processus plus large de la néologie. Par néologie on comprend l'acte de renouvellement et d'enrichissement de la langue au niveau phonétique, phonologique, morphologique, syntaxique, sémantique et lexicale. La néologie représente la dynamique de la langue c'est-à-dire le réflexe de l'imaginaire linguistique et de l'évolution sociale. Elle met en évidence l'évolution historique d'une langue, parce qu'elle est aussi un indicateur de son culturalisme. La néologie est « un indicador de l'estat d'una llengua » (***Llengua 2004: 32), ce qui permet la mesure de la vitalité d'une langue immédiatement applicables en matière de lexicographie, de la terminologie et de la planification linguistique. Malgré ces « paramètres » extrêmement nécessaires pour l'analyse de l'évolution de la langue, les changements linguistiques ne peuvent pas être prédits - soutien Eugen Coseriu - elles peuvent être étudiées seulement après la date de leur production2.
Pour le présent les profondes transformations subies par la société humaine dans son ensemble dans les deux dernières décennies, en raison de changements financiers et sociaux qui ont affecté l'humanité mondiale et aussi à cause de l'incroyable développement de la communication électronique, tous établissent de nouveaux développements dans les dynamiques internes des langues contemporains. La libre circulation des citoyens, la création de sociétés de plus en plus multinationales, l'accès à l'éducation dans des universités prestigieuses avec l'enseignement dans les langues de circulation peuvent favoriser même la disparition des langues parlées par un petit nombre de parleurs, qui sont susceptibles d'abandonner idiome maternel pour s'intégrer rapidement dans l'environnement souhaité. En outre, la mondialisation a pour effet de remplacer partiellement la langue littéraire, avec une longue tradition, dans certains registres (en particulier dans les domaines des affaires, mais aussi dans la recherche scientifique) et l'utilisation des langues à circulation internationale, favorisant la propagation rapide des idées et la prévention des ambiguïtés découlant du processus de traduction. Alors, le progrès technologique favorise le développement de la néologie parce qu'une nouvelle science n'est pas possible sans néologismes (sans un nouveau vocabulaire et de nouvelles définitions), pour la transmission d'informations avec une précision et une clarté plus grande. Ainsi, le néologisme restera un phénomène linguistique très actif dans la langue et parce que la langue roumaine est une langue considérée comme un paradis des emprunts3, l'adaptation culturelle par des emprunts et des créations lexicales va continuer.
The Neologism as a Linguistic Phenomenon: an Epistemic and Cultural Adaptation Vector
The history of the concept of neologism and of the discussions around this problem proves to be very dynamic in Romanian language. Since the XVIIth century a lot of linguists and cultural personalities presented a diversity of acceptation concerning the definition of neologism. Another debate was connected to the adaptation of borrowed words in the Romanian language. For the Romanian language, the neologism is still a concept that generates much debate. It represents the essential element of the modernization of the language and it marks an important turn from the Slavic cultural influence to Western culture. Thus, the neologism remains a very active linguistic phenomenon in the language and because the Romanian language is a language considered a paradise for borrowing, cultural adaptation by borrowing and lexical creations will continue.
1 Pour une présentation de la définition du néologisme dans les dictionnaires roumains, voir Clim 2012: 72-83.
2 Le linguiste roumain faire l'argument que le changement ne peut pas être prédit parce que l'avenir n'est pas une connaissance et la prévoyance n'est pas une science, en disant en conclusion que « nimeni nu stie exact cum se schimba limbile » (Coseriu 1997: 206).
3 Voir Deroy 1956: 42.
Bibliographie
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Zafiu 2001: Rodica Zafiu, Neologismul si purismul, in « România literara», année XXXIV, Novembre 21- 27, no. 46, p. 11.
Marius-Radu CLIM*
* Académie Roumaine, Filiale de Iasi, Roumanie.
Cet article a été élaboré dans le cadre du Programme de développement opérationnel sectoriel des ressources humaines (SOP DRH), financé par le Fonds social européen et par le gouvernement roumain sous le numéro de contrat POSDRU/159/1.5/S/133675.
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Copyright "A. Philippide" Institute of Romanian Philology, "A. Philippide" Cultural Association 2014
Abstract
The history of the concept of neologism and of the discussions around this problem proves to be very dynamic in Romanian language. Since the XVIIth century a lot of linguists and cultural personalities presented a diversity of acceptation concerning the definition of neologism. Another debate was connected to the adaptation of borrowed words in the Romanian language. For the Romanian language, the neologism is still a concept that generates much debate. It represents the essential element of the modernization of the language and it marks an important turn from the Slavic cultural influence to Western culture. Thus, the neologism remains a very active linguistic phenomenon in the language and because the Romanian language is a language considered a paradise for borrowing, cultural adaptation by borrowing and lexical creations will continue.
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