Content area
Full text
Résumé • Le journal personnel de Marie-Louise Globensky (1849-1919), qui couvre trois décennies de sa vie adulte, reflete un paysage émotionnel contrasté, oscillant entre souffrances et joies. Cet article s'intéresse aux joies de la diariste, qui se manifestent dans des circonstances précises, en particulier lorsqu'elle accomplit la mission dont elle se sent investie comme femme, comme catholique et comme bourgeoise, et qu'elle se sent cheminer vers le paradis. En étudiant les joies d'une diariste, cet article veut jeter un éclairage nouveau sur sa vision du monde et ses motivations, mais aussi sur les rapports de force â l'œuvre dans la société montréalaise dont elle fait partie.
Abstract • Marie-Louise Globensky's (1849-1919) diary which covers three decades of her adult life, reflects a contrasted emotional landscape, fluctuating between suffering and joy The present article addresses the diarist's joy which occurred in specific circumstances, especially when she was fulfilling the duty she felt to be her own as a catholic, bourgeois woman and felt herself to be on a path towards paradise. By studying the joys of the diarist, this article intends to shed new light on Globensky's vision of the world and on her motivations, as well as on the power relationships in the Montréal society to which she belonged.
Avant de se mettre au lit, le 27 avril 1917, Marie-Louise Globensky, 68 ans, prend le temps de consigner dans son journal personnel les événements et emotions de sa journée, principalement la joie d'avoir retrouvé, a la gare, en matinée, sa fille Justine et son gendre Louis2, revenant d'un long voyage sur la côte ouest américaine :
[...] a 8h45, je partis avec mon mari pour la gare Windsor. Il y avait la Marie, Jeanne, [...]. Ce fut une véritable ovation. Quelle joie de revoir nos enfants partis depuis trois mois et demi. Justine et Louis ont vraiment l'air tres bien. Apres les souhaits de bienvenue [...] [je] suis montée dans l'auto de Justine [.] pour nous rendre a Outremont. [.] Nous avons beaucoup causé jusqu'au lunch3.
La bourgeoise Marie-Louise Globensky (1849-1919), épouse de sir Alexandre Lacoste, est connue de l'historiographie comme une mere de famille dévouée, et comme une catholique dévote tres engagée dans des organisations de charité4. Elle est aussi décrite comme une...